Note de Michel-Pascal ? sur Antoine-Louis Barye du 9 mai 1858

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en 1858. 9 mai notte sur barye
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Jai rencontré ce matin Barye , avec lequel
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j'aime a me trouver, je regarde cet homme
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comme le plus grand artiste sculpteur
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de notre époque. sans faire de comparaison
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il a la force qui fait créer, il tient un
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des secret de la nature qui n'est donné
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en grace qu'au homme de génies
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il a persisté dans la misère même.
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il n'a pas fait de concession, son talent
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est intact, comme sa personne il est
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cuirassé d'impassibilité, cette vertu qui
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arrive par les souffrances et qui grandit
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l'homme juste.
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tous presses que nous étions, nous somme
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restés à causer pendant une heure,
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je lui ai conté mes ennuis relatifs aux
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traveaux insuffisants, aux misères de
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l'artiste : il les comprend ? lui qui les as
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toute éprouvées, rien ne l'étonne de ce
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que peut éprouver la vie trop poétique
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de l'artiste, il me dit : qu'il ne faut
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compter sur rien, que le plus souvent
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les promesses sont fausses ou insolites
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qu'en se montant la tête on courre risque
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d'avoir une déception, et qu'il est plus
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positif de compter sur ce que l'on a
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lui même est un exemple de cette
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résignation, il a lutté quinze ans
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avec la misère, et ce qui est plus !
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avec l'amertume de n'être pas compris
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et pour chassé du public par les
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jurys des expositions et expulsé
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par le gout académique.
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il a vu la médiocrité faire fortune
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en singeant la contexture de ses oeuvres
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a ceux dont l'avenir doit
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appartenire combien la vie est plaine
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d'angoisses, et quelle rude ecole que
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celle qui doit faire vivre après
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avoir fait souffrir
M.P.