p.1 Marseille9 octobre 1867.Madame Vous avez bien voulu m'engager à vous donner des nouvelles de Monsieur Barye et m'empresse de remplir cette bien agréable mission. Monsieur votre mari, en effet, est arrivé à Marseille à 3 heures 40 minutes ; je l'ai reçu à la gare et une voiture était prête pour nous transporter à l'hotel de Vichy. Mais, nullement et Monsieur Barye plein de santé p.2 de santé et peu fatigué a tenu à marcher et paisiblement nous nous sommes rendus tout d'abord au palais de Longchamp où il a vu ses quatre groupes bien près d'être finis. Après un examen attentif nous avons pris l'avenue de Longchamp, descendus les allées de Meilhan et nous sommes arrivés sur cette fameuse Cannebière si chère à tout bon Marseillais. Là Monsieur Barye s'est trouvé en présence de la Bourse, monument tout récent, il a pendant quelques instants promené son regard sur le vieux port qu'éclairait un beau soleil couchant et ensuite nous nous sommes achemi- nés p.3 acheminés vers le cours Belzunce. Ce cours est une promenade des plus agréables et des plus fréquentées de Marseille ; nous l'avons parcouru dans toute sa longueur et quoique aucune fatigue se manifesta sur Monsieur Barye, nous avons mis un terme à cette promenade en entrant à l'Hotel de Vichy qui est sur le dit cours de Belzunce n°11. Là, une chambre proprement décorée et ayant vue sur le cours a été donnée à l'intrépide voyageur. Nous y avons pris un peu de repos et j'allais me retirer quand Monsieur Barye à bien voulu m'engager à diner avec lui. J'avoue p.4 J'avoue, Madame, que j'étais si heureux de me trouver en si bonne compagnie qui je n'ai pas eu la force de refuser et ce n'est qu'à huit heures que j'ai laissé Monsieur Barye dans les dispositions les plus favorables pour passer une bonne nuit. Veuillez bien agréer, je vous prie, Madame, l'expression de mes sentiments dévoués. Votre serviteur.Daumas